La Lune

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LA LUNE

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Il est pour la pensée une heure… une heure sainte,

Alors que, s’enfuyant de la céleste enceinte,

De l’absence du jour pour consoler les cieux,

Le crépuscule aux monts prolonge ses adieux.

On voit à l’horizon sa lueur incertaine,

Comme les bords flottants d’une robe qui traîne,

Balayer lentement le firmament obscur,

Où les astres ternis revivent dans l’azur.

Alors ces globes d’or, ces îles de lumière,

Que cherche par instinct la rêveuse paupière,

Jaillissent par milliers de l’ombre qui s’enfuit

Comme une poudre d’or sur les pas de la nuit;

Et le souffle du soir qui vole sur sa trace,

Les sème en tourbillons dans le brillant espace.

(…)

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Et vous, brillantes soeurs ! étoiles, mes compagnes,

Qui du bleu firmament émaillez les campagnes,

Et cadençant vos pas à la lyre des cieux,

Nouez et dénouez vos choeurs harmonieux !

Introduit sur vos pas dans la céleste chaîne,

Je suivrais dans l’azur l’instinct qui vous entraîne,

Vous guideriez mon oeil dans ce brillant désert,

Labyrinthe de feux où le regard se perd !

Vos rayons m’apprendraient à louer, à connaître

Celui que nous cherchons, que vous voyez peut-être !

Et noyant dans son sein mes tremblantes clartés,

Je sentirais en lui.., tout ce que vous sentez !

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Alphonse de Lamartine

(extrait du poème « Les Etoiles »)

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