A une Fleur …

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A une fleur

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Que me veux-tu, chère fleurette,

Aimable et charmant souvenir ?

Demi-morte et demi-coquette,

Jusqu’à moi qui te fait venir ?

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Sous ce cachet enveloppée,

Tu viens de faire un long chemin.

Qu’as-tu vu ? que t’a dit la main

Qui sur le buisson t’a coupée ?

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N’es-tu qu’une herbe desséchée

Qui vient achever de mourir ?

Ou ton sein, prêt à refleurir,

Renferme-t-il une pensée ?

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Ta fleur, hélas ! a la blancheur

De la désolante innocence ;

Mais de la craintive espérance

Ta feuille porte la couleur.

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As-tu pour moi quelque message ?

Tu peux parler, je suis discret.

Ta verdure est-elle un secret ?

Ton parfum est-il un langage ?

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S’il en est ainsi, parle bas,

Mystérieuse messagère ;

S’il n’en est rien, ne réponds pas ;

Dors sur mon coeur, fraîche et légère.

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Je connais trop bien cette main,

Pleine de grâce et de caprice,

Qui d’un brin de fil souple et fin

A noué ton pâle calice.

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Cette main-là, petite fleur,

Ni Phidias ni Praxitèle

N’en auraient pu trouver la soeur

Qu’en prenant Vénus pour modèle.

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Elle est blanche, elle est douce et belle,

Franche, dit-on, et plus encor ;

A qui saurait s’emparer d’elle

Elle peut ouvrir un trésor.

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Mais elle est sage, elle est sévère ;

Quelque mal pourrait m’arriver.

Fleurette, craignons sa colère.

Ne dis rien, laisse-moi rêver.

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❤️ Alfred de Musset ❤️

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12 réflexions sur “A une Fleur …

  1. Superbe poème sur une fleur qui semble avoir été offerte comme message d’un tendre secret. Mais on n’en attend pas moins de Musset que je préfère de très loin à Lamartine.

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