La chanson du Fou (1)

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Chanson de fou (I)
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Le crapaud noir sur le sol blanc 

Me fixe indubitablement 

Avec des yeux plus grands que n’est grande sa tête ; 

Ce sont les yeux qu’on m’a volés 

Quand mes regards s’en sont allés, 

Un soir, que je tournai la tête. 
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Mon frère ? il est quelqu’un qui ment, 

Avec de la farine entre ses dents ; 

C’est lui, jambes et bras en croix, 

Qui tourne au loin, là-bas, 

Qui tourne au vent, 

Sur ce moulin de bois.
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Et Celui-ci, c’est mon cousin 
Qui fut curé et but si fort du vin 

Que le soleil en devint rouge ; 

J’ai su qu’il habitait un bouge, 

Avec des morts, dans ses armoires. 
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Car nous avons pour génitoires 

Deux cailloux 

Et pour monnaie un sac de poux, 

Nous, les trois fous, 

Qui épousons, au clair de lune, 

Trois folles dames, sur la dune.
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❤️ Emile Verhaeren ❤️
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7 réflexions sur “La chanson du Fou (1)

    • Ma bohème

      Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées ;
      Mon paletot aussi devenait idéal ;
      J’allais sous le ciel, Muse ! et j’étais ton féal ;
      Oh ! là ! là ! que d’amours splendides j’ai rêvées !

      Mon unique culotte avait un large trou.
      – Petit-Poucet rêveur, j’égrenais dans ma course
      Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse.
      – Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou

      Et je les écoutais, assis au bord des routes,
      Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
      De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ;

      Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,
      Comme des lyres, je tirais les élastiques
      De mes souliers blessés, un pied près de mon coeur !

      Arthur Rimbaud

      Au puits du fou
      c’est là
      lalalala
      que je dense
      N-L – 29/04/17

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      • Alors que le trottoir dépêchait ses hommes-sandwichs en racolage intensif
        Par les trous de ma mémoire des faits majeurs surgirent d’eux-m’aime
        il y a pas si longtemps elle me confia son rêve de n’être plus blanche
        Sans trouver là motif à colère, je sentis l’air se charger de vie fauve
        Rugissements, la lionne n’est pas morte ce soir, revenons au plus près y voir
        Comme délire, je tirai l’élastique de côté comme il se doigt
        Les combines électo-râles me font l’effet contraire au jouir…
        N-L

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