Une alcôve au soleil levant

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Une alcôve au soleil levant
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L’humble chambre a l’air de sourire ; 

Un bouquet orne un vieux bahut ; 

Cet intérieur ferait dire 

Aux prêtres : Paix ! aux femmes : Chut !
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Au fond une alcôve se creuse. 

Personne. On n’entre ni ne sort. 

Surveillance mystérieuse ! 

L’aube regarde : un enfant dort.
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Une petite en ce coin sombre 

Était là dans un berceau blanc, 

Ayant je ne sais quoi dans l’ombre 

De confiant et de tremblant.
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Elle étreignait dans sa main calme 

Un grelot d’argent qui penchait ; 

L’innocence au ciel tient la palme 

Et sur la terre le hochet.
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Comme elle sommeille ! Elle ignore 

Le bien, le mal, le cœur, les sens, 

Son rêve est un sentier d’aurore 

Dont les anges sont les passants.
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Son bras, par instants, sans secousse, 

Se déplace, charmant et pur ; 

Sa respiration est douce 

Comme une mouche dans l’azur.
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Le regard de l’aube la couvre ; 

Rien n’est auguste et triomphant 

Comme cet œil de Dieu qui s’ouvre 

Sur les yeux fermés de l’enfant.
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❤️ Victor Hugo ❤️
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[ Tableau « Le Berceau » de VAN MALDEREN Jan ]

18 réflexions sur “Une alcôve au soleil levant

  1. Nous nous retrouvons au seuil. Puissance du symbole de passage qu’est la porte. Le seuil élimine le doute de la question de savoir s’il est mieux qu’une porte soit ouverte ou fermée.
    Le seuil aspire.
    Quand nous l’avons passé chacun d’un état de solitude allait à l’autre par le vouloir d’union. Quelque soit la durée qui suit, l’espace a organisée sa distribution, Pièces, couloirs, étages peuvent avoir de multiples portes sans que le Seuil en ait été effacé. Il demeure l’évolution de soi-même en chantier.
    En pénétrant dans la chambre, la prmière chose que j’ai senti, c’est la teneur du seuil. Les fleurs des tissus de chaque corps vivant ont fait varier la lmièr, potentiomètres, elles ont la saison du moment juste. Ce qui donne à l’atmosphère ce sentiment pérenne que ce qui compte est de mettre au choses sa semence avant sa récolte.
    N-L

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  2. Passant par chez toit, me suis arreté dans la mansarde du grenier. Parmi les cartons, un oeil de boeuf sur un tapis de sol tenait des mots d’amour entre ses mains. Il me les a fait relire mot à mot sur les cris qu’avait gardé la table. Mes mains se sont mises à trembler plus fort. L’encre restée fraîche a le sel de l’émotion nouvelle d’un été n’en finissant pas d’être. En sortant je suis entré dans la chambre. La porte était ouverte❤🐾❤🐾💋

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  3. Émouvante la description de l’enfant endormi… Dans cette poésie le talent de Victor Hugo m’enchante.
    Le tableau de VAN MALDEREN Jan qui l’accompagne adoucie la scène: le berceau et ce petit enfant endormi.
    Jaime
    Merci Ideellepour ce beau partage.
    Roberte

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  4. Je ne sors pas du trouble particulier dans lequel le Beau me place quand je le croise.

    Ton choix forme une trilogie qui m’émeut de tout ce que le chiffre 3 dégage de symbole. Profond remue-ménage paisible.

    Victor est là, maître du sens de l’oeuvre. Son metteur-en-scène incontestable.
    Puis vient le peintre dont j’ignore tout.
    Se déclenche un processus d’animation par images.

    Je pense à Bonnard, le peintre de la vie intime, scènes humaines intérieures.
    Oui mais il y a un plus à Bonnard, lequel ?
    Voilà j’y suis…

    L’ensemble me conduit au mouvement Nabi
    Cette période post-impressionniste, où entre autres Gauguin percuta. Où la couleur ne fut plus que le brasier dans lequel le style académique allait enfin se consumer sous la pulsion de jeunes peintres qu’on appella Les Nabis..

    La chaleur est d’une profondeur qui enveloppe d’amour. Quel silence!

    J’aime ce choix matinal. Ce qu’il exprime et me donne à titre peronnel avale tout le bruit de fond du quotidien. La fluidité de la peinture, fait denser les mots, comme cette vapeur qui monte d’un sol retourné puis ensemencé au petit matin. Rien ne saurait mieux associer l’écriture à la peinture.

    Mon Idéelle je te dois mieux qu’un merci, je reste en station !

    C+B+C+B+C
    N-L – 04/01/17

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