Mais quel bandeau … 

Mais quel bandeau ?

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Souvent j’avoue je suis perdue

Entre le bandeau de l’Innocence

Et celui tentant de l’indécence

Souvent j’avoue je rêve d’Absolu ! 
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*** Idéelle, le 14 novembre 2016 ***
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22 réflexions sur “Mais quel bandeau … 

  1. Tout à fait vrai Pat,
    en ce tant qui passe sans perdre son besoin d’accoucher. Amitié prégnante d’où nous pouvons dégager une évolution lente, mais positive, au travers de tous les possibles personnels que nous n’anesthésions pas.
    On ne change pas le monde on le fait aller…
    N-L

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  2. LES ÉBLOUISSEMENTS 1907 (extraits)

    Chant dionysien (extrait)

    — Et puisqu’on n’entend plus, ô mon Bacchus voilé,
    Frissonner ton sanglot et ton désir ailé,
    Puisqu’au moment luisant des chaudes promenades
    On ne voit plus jouer les bruyantes Ménades,
    Puisque nul cœur païen ne dit suffisamment
    La splendeur des flots bleus pressés au firmament,
    Puisqu’il semble que l’âpre et l’énervante lyre
    Ait cessé sa folie, ait cessé son délire,
    Puisque dans les forêts jamais ne se répand
    L’appel rauque, touffu, farouche du dieu Pan,
    Ah! qu’il monte de moi, dans le matin unique,
    Ce cri brûlant, joyeux, épouvanté, hardi,
    Plus fort que le plaisir, plus fort que la musique,
    Et qu’un instant l’espace en demeure étourdi …

    ————————————————————–

    — Aujourd’hui, le coeur las et blessé par le feu,
    Je vous bénis encor, ô brasier jaune et bleu,
    Exaltant univers dont chaque élan m’enivre!
    Mourante, je dirai qu’il faut jouir et vivre;
    Que, malgré la langueur d’un corps triste et brûlant,
    La nuit est généreuse et le jour succulent;
    Que les larmes, les cris, la douleur, l’agonie
    Ne peuvent pas ternir l’allégresse infinie!
    Qu’un moment du désir, qu’un moment de l’été,
    Contiennent la suave et chaude éternité.
    O sol humide et noir d’ou jaillit la jacinthe!
    Qu’importe si dans l’âpre et ténébreuse enceinte
    Les morts sont étendus froids et silencieux.
    O beauté des tombeaux sous la douceur des cieux !
    Marbres posés ainsi que des bornes plaintives,
    Rochers mystérieux des incertaines rives,
    Horizontale porte accédant à la nuit,
    O débris du vaisseau, épave qui reluit,
    Comme vous célébrez la joie et l’abondance,
    La force du plaisir, l’audace de la danse,
    L’universelle arène aux lumineux gradins!…
    Et quelquefois, parmi les funèbres jardins,
    Je crois voir ses pieds nus appuyés sur les tombes,
    Un Eros souriant qui nourrit des colombes…

    Anna de Noailles

    Le bandeau est un arrangement avec la vérité
    qui donne aux yeux le moyen de composer avec l’embarras
    sorte de dépannage de l’instant de blocage
    et laisse une fois les choses apaisées que la banalité d’un paysage sans éblouissements.
    N-L – 17/11/16

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      • Je n’entendais rien d’autre que rester dans le cadre de celui dont s’agit. Bien sur qu’une multitude de bandeau existe puisque le sens que tu as abordé est psychologique. Voilà un grand thème que je viens précisément d’aborder au cours de la séance d’où je sors à peine . Le bandeau sorti d’une dissimulation pour causes d’intérêts placé par l’être le plus insoupçonnable…
        Donc tout autre chose que ce que tu mis en débat mon Idéelle.
        Dur mais salvateur.
        ❤️😍❤️

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    • Merci Pat, l’éblouissement comme tout à aussi son sens négatif, la poudre aux yeux, qui en délivrant une fausse beauté, mène au regret…La façon dont V.H l’aborde me semble aller dans ce second. Regret de l’éblouissement porté par des hommes politiques qui conduit à la tromperie. Victor en connaissait certes les roueries mieux que personne et qui plus est a écrit ce poème en exil à Jersey…

      Éblouissements

      Recueil : Les châtiments (1853).

      Ô temps miraculeux ! ô gaîtés homériques !
      Ô rires de l’Europe et des deux Amériques !
      Croûtes qui larmoyez ! bons dieux mal accrochés
      Qui saignez dans vos coins ! madones qui louchez !
      Phénomènes vivants ! ô choses inouïes !
      Candeurs ! énormités au jour épanouies !
      Le goudron déclaré fétide par le suif,
      Judas flairant Shylock et criant : c’est un juif !
      L’arsenic indigné dénonçant la morphine,
      La hotte injuriant la borne, Messaline
      Reprochant à Goton son regard effronté,
      Et Dupin accusant Sauzet de lâcheté !

      Oui, le vide-gousset flétrit le tire-laine,
      Falstaff montre du doigt le ventre de Silène,
      Lacenaire, pudique et de rougeur atteint,
      Dit en baissant les yeux : J’ai vu passer Castaing !

      Je contemple nos temps. J’en ai le droit, je pense.
      Souffrir étant mon lot, rire est ma récompense.
      Je ne sais pas comment cette pauvre Clio
      Fera pour se tirer de cet imbroglio.
      Ma rêverie au fond de ce règne pénètre,
      Quand, ne pouvant dormir, la nuit, à ma fenêtre,
      Je songe, et que là-bas, dans l’ombre, à travers l’eau,
      Je vois briller le phare auprès de Saint-Malo.

      Donc ce moment existe ! il est ! Stupeur risible !
      On le voit ; c’est réel, et ce n’est pas possible.
      L’empire est là, refait par quelques sacripants.
      Bonaparte le Grand dormait. Quel guet-apens !
      Il dormait dans sa tombe, absous par la patrie.
      Tout à coup des brigands firent une tuerie
      Qui dura tout un jour et du soir au matin ;
      Napoléon le Nain en sortit. Le destin,
      De l’expiation implacable ministre,
      Dans tout ce sang versé trempa son doigt sinistre
      Pour barbouiller, affront à la gloire en lambeau,
      Cette caricature au mur de ce tombeau.

      Ce monde-là prospère. Il prospère, vous dis-je !
      Embonpoint de la honte ! époque callipyge !
      Il trône, ce cokney d’Eglinton et d’Epsom,
      Qui, la main sur son cœur, dit : Je mens, ergo sum.
      Les jours, les mois, les ans passent ; ce flegmatique,
      Ce somnambule obscur, brusquement frénétique,
      Que Schœlcher a nommé le président Obus,
      Règne, continuant ses crimes en abus.
      Ô spectacle ! en plein jour, il marche et se promène,
      Cet être horrible, insulte à la figure humaine !
      Il s’étale effroyable, ayant tout un troupeau
      De Suins et de Fortouls qui vivent sur sa peau,
      Montrant ses nudités, cynique, infâme, indigne,
      Sans mettre à son Baroche une feuille de vigne !
      Il rit de voir à terre et montre à Machiavel
      Sa parole d’honneur qu’il a tuée en duel.
      Il sème l’or ; — venez ! — et sa largesse éclate.
      Magnan ouvre sa griffe et Troplong tend sa patte.
      Tout va. Les sous-coquins aident le drôle en chef.
      Tout est beau, tout est bon, et tout est juste ; bref,
      L’église le soutient, l’opéra le constate.
      Il vola ! Te Deum. Il égorgea ! cantate.

      Lois, mœurs, maître, valets, tout est à l’avenant.
      C’est un bivouac de gueux, splendide et rayonnant.
      Le mépris bat des mains, admire, et dit : courage !
      C’est hideux. L’entouré ressemble à l’entourage.
      Quelle collection ! quel choix ! quel Œil-de-boeuf !
      L’un vient de Loyola, l’autre vient de Babeuf !
      Jamais vénitiens, romains et bergamasques
      N’ont sous plus de sifflets vu passer plus de masques.
      La société va sans but, sans jour, sans droit,
      Et l’envers de l’habit est devenu l’endroit.
      L’immondice au sommet de l’état se déploie.
      Les chiffonniers, la nuit, courbés, flairant leur proie,
      Allongent leurs crochets du côté du sénat.
      Voyez-moi ce coquin, normand, corse, auvergnat :
      C’était fait pour vieillir bélître et mourir cuistre ;
      C’est premier président, c’est préfet, c’est ministre.
      Ce truand catholique au temps jadis vivait
      Maigre, chez Flicoteaux plutôt que chez Chevet ;
      Il habitait au fond d’un bouge à tabatière
      Un lit fait et défait, hélas, par sa portière,
      Et griffonnait dès l’aube, amer, affreux, souillé,
      Exhalant dans son trou l’odeur d’un chien mouillé.
      Il conseille l’état pour ving-cinq mille livres
      Par an. Ce petit homme, étant teneur de livres
      Dans la blonde Marseille, au pays du mistral,
      Fit des faux. Le voici procureur général.
      Celui-là, qui courait la foire avec un singe,
      Est député ; cet autre, ayant fort peu de linge,
      Sur la pointe du pied entrait dans les logis
      Où bâillait quelque armoire aux tiroirs élargis,
      Et du bourgeois absent empruntait la tunique
      Nul mortel n’a jamais, de façon plus cynique,
      Assouvi le désir des chemises d’autrui ;
      Il était grinche hier, il est juge aujourd’hui.
      Ceux-ci, quand il leur plaît, chapelains de la clique,
      Au saint-père accroupi font pondre une encyclique ;
      Ce sont des gazetiers fort puissants en haut lieu,
      Car ils sont les amis particuliers de Dieu
      Sachez que ces béats, quand ils parlent du temple
      Comme de leur maison, n’ont pas tort ; par exemple,
      J’ai toujours applaudi quand ils ont affecté
      Avec les saints du ciel des airs d’intimité ;
      Veuillot, certe, aurait pu vivre avec Saint-Antoine.
      Cet autre est général comme on serait chanoine,
      Parce qu’il est très gras et qu’il a trois mentons.
      Cet autre fut escroc. Cet autre eut vingt bâtons
      Cassés sur lui. Cet autre, admirable canaille,
      Quand la bise, en janvier, nous pince et nous tenaille,
      D’une savate oblique écrasant les talons,
      Pour se garer du froid mettait deux pantalons
      Dont les trous par bonheur n’étaient pas l’un sur l’autre.
      Aujourd’hui, sénateur, dans l’empire il se vautre.
      Je regrette le temps que c’était dans l’égout.
      Ce ventre a nom d’Hautpoul, ce nez a nom d’Argout.
      Ce prêtre, c’est la honte à l’état de prodige.
      Passons vite. L’histoire abrège, elle rédige
      Royer d’un coup de fouet, Mongis d’un coup de pied,
      Et fuit. Royer se frotte et Mongis se rassied ;
      Tout est dit. Que leur fait l’affront ? l’opprobre engraissé.
      Quant au maître qui hait les curieux, la presse,
      La tribune, et ne veut pour son règne éclatant
      Ni regards, ni témoins, il doit être content
      Il a plus de succès encor qu’il n’en exige ;
      César, devant sa cour, son pouvoir, son quadrige,
      Ses lois, ses serviteurs brodés et galonnés,
      Veut qu’on ferme les veux : on se bouche le nez.

      Prenez ce Beauharnais et prenez une loupe ;
      Penchez-vous, regardez l’homme et scrutez la troupe.
      Vous n’y trouverez pas l’ombre d’un bon instinct.
      C’est vil et c’est féroce. En eux l’homme est éteint
      Et ce qui plonge l’âme en des stupeurs profondes,
      C’est la perfection de ces gredins immondes.

      À ce ramas se joint un tas d’affreux poussahs,
      Un tas de Triboulets et de Sancho Panças.
      Sous vingt gouvernements ils ont palpé des sommes.
      Aucune indignité ne manque à ces bonshommes ;
      Rufins poussifs, Verrès goutteux, Séjans fourbus,
      Selles à tout tyran, sénateurs omnibus.
      On est l’ancien soudard, on est l’ancien bourgmestre ;
      On tua Louis seize, on vote avec de Maistre ;
      Ils ont eu leur fauteuil dans tous les Luxembourgs ;
      Ayant vu les Maurys, ils sont faits aux Sibours ;
      Ils sont gais, et, contant leurs antiques bamboches,
      Branlent leurs vieux gazons sur leurs vieilles caboches.
      Ayant été, du temps qu’ils avaient un cheveu,
      Lâches sous l’oncle, ils sont abjects sous le neveu.
      Gros mandarins chinois adorant le tartare,
      Ils apportent leur cœur, leur vertu, leur catarrhe,
      Et prosternent, cagneux, devant sa majesté
      Leur bassesse avachie en imbécillité.

      Cette bande s’embrasse et se livre à des joies.
      Bon ménage touchant des vautours et des oies !

      Noirs empereurs romains couchés dans les tombeaux,
      Qui faisiez aux sénats discuter les turbots,
      Toi, dernière Lagide, ô reine au cou de cygne,
      Prêtre Alexandre six qui rêves dans ta vigne,
      Despotes d’Allemagne éclos dans le Rœmer,
      Nemrod qui hais le ciel, Xercès qui bats la mer,
      Caïphe qui tressas la couronne d’épine,
      Claude après Messaline épousant Agrippine,
      Caïus qu’on fit césar, Commode qu’on fit dieu,
      Iturbide, Rosas, Mazarin, Richelieu,
      Moines qui chassez Dante et brisez Galilée,
      Saint-office, conseil des dix, chambre étoilée,
      Parlements tout noircis de décrets et d’olims,
      Vous sultans, les Mourads, les Achmets, les Sélims,
      Rois qu’on montre aux enfants dans tous les syllabaires,
      Papes, ducs, empereurs, princes, tas de Tibères !
      Bourreaux toujours sanglants, toujours divinisés,
      Tyrans ! enseignez-moi, si vous le connaissez,
      Enseignez-moi le lieu, le point, la borne où cesse
      La lâcheté publique et l’humaine bassesse !

      Et l’archet frémissant fait bondir tout cela !
      Bal à l’hôtel de ville, au Luxembourg gala.
      Allons, juges, dansez la danse de l’épée !
      Gambade, ô Dombidau, pour l’onomatopée !
      Polkez, Fould et Maupas, avec votre écriteau,
      Toi, Persil-Guillotine, au profil de couteau !

      Ours que Boustrapa montre et qu’il tient par la sangle,
      Valsez, Billault, Parieu, Drouyn, Lebœuf, Delangle !
      Danse, Dupin ! dansez, l’horrible et le bouffon !
      Hyènes, loups, chacals, non prévus par Buffon,
      Leroy, Forey, tueurs au fer rongé de rouilles,
      Dansez ! dansez, Berger, d’Hautpoul, Murat, citrouilles !

      Et l’on râle en exil, à Cayenne, à Blidah !
      Et sur le Duguesclin, et sur le Canada,
      Des enfants de dix ans, brigands qu’on extermine,
      Agonisent, brûlés de fièvre et de vermine !
      Et les mères, pleurant sous l’homme triomphant,
      Ne savent même pas où se meurt leur enfant !
      Et Samson reparaît, et sort de ses retraites !
      Et, le soir, on entend, sur d’horribles charrettes
      Qui traversent la ville et qu’on suit à pas lents,
      Quelque chose sauter dans des paniers sanglants !
      Oh ! laissez ! laissez-moi m’enfuir sur le rivage !
      Laissez-moi respirer l’odeur du flot sauvage !
      Jersey rit, terre libre, au sein des sombres mers ;
      Les genêts sont en fleur, l’agneau paît les prés verts ;
      L’écume jette aux rocs ses blanches mousselines ;
      Par moments apparaît, au sommet des collines,
      Livrant ses crins épars au vent âpre et joyeux,
      Un cheval effaré qui hennit dans les cieux !

      Jersey, le 24 mai 1853.
      Victor Hugo.

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  3. Quand on rêve d’Absolu, on se sent prêt à lâcher tout ce en quoi l’on croit ou l’on ne croit plus…C’est une quête d’Amour à l’état pur (qui parfois peut s’avérer aussi douloureuse épanouissante)

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    • Entre le rêve et sa réalisation le fossé est parfois large et profond …. Fossé dans lequel guette de « drôle de bêtes » ( le passé -la peur – la lâcheté …) qui parfois tétanisent, laissant le rêve au rêve …
      Mais je suis d’accord, une fois le fossé franchit la quête d’Absolu et une quête d’Amour véritable avec …. (à chaque heureux élu de le découvrir 😊)

      Merci Marie, Douce soirée !

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  4. Après le bandeau de l’innocence et celui de la tentation voila le tour du bandeau qui nous aliène et nous empêche d’ouvrir les yeux voilé par le noir au gout triste de la vie. Un engrenage fatal. On se bande aussi la tête,le cou, la main; le pied, le genoux et j’en passe.

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