… Deux Chaises … 

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Mets ta chaise près de la mienne
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Mets ta chaise près de la mienne 

Et tends les mains vers le foyer 

Pour que je voie entre tes doigts 

La flamme ancienne 

Flamboyer ; 

Et regarde le feu 

Tranquillement, avec tes yeux 

Qui n’ont peur d’aucune lumière 

Pour qu’ils me soient encore plus francs 

Quand un rayon rapide et fulgurant 

Jusques au fond de toi les frappe et les éclaire.
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Oh ! que notre heure est belle et jeune encore 

Quand l’horloge résonne avec son timbre d’or 

Et que, me rapprochant, je te frôle et te touche 

Et qu’une lente et douce fièvre 

Que nul de nous ne désire apaiser, 

Conduit le sûr et merveilleux baiser 

Des mains jusques au front, et du front jusqu’aux lèvres.
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Comme je t’aime alors, ma claire bien-aimée, 

Dans ta chair accueillante et doucement pâmée 

Qui m’entoure à son tour et me fond dans sa joie ! 

Tout me devient plus cher, et ta bouche et tes bras 

Et tes seins bienveillants, où mon pauvre front las, 

Après l’instant de plaisir fou que tu m’octroies, 

Tranquillement, près de ton coeur, reposera.
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Car je t’aime encor mieux après l’heure charnelle 

Quand ta bonté encor plus sûre et maternelle 

Fait succéder le repos tendre à l’âpre ardeur 

Et qu’après le désir criant sa violence 

J’entends se rapprocher le régulier bonheur 

Avec des pas si doux qu’ils ne sont que silence.
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❤️ Emile Verhaeren ❤️
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7 réflexions sur “… Deux Chaises … 

  1. Si ces deux chaises là sont des invitations, comme ces coussins, vides… me voilà quelque part à mon tour apatride et pensant à la migration…à venir les remplir d’un peu d’humanité, me réchauffer au feu clair de l’amitié.

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